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Dimitri & l'aviation légère ...
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9 juillet 2005

Vol n°11 : Eva vient voler et laver BOZU

5_finalePour mon plus grand malheur, une méchante angine vient me clouer au sol si je puis dire, pendant 5 jours, en autarcie presque complète. Super dur de sauter une séance, de casser le rythme régulier d'apprentissage, surtout au moment, où il devient crucial et fragile. C'est la période de toutes les incertitudes, le moment où la fatigue est maximale car les réflexes sur les lectures d'instruments et la gestion de tous les paramètres que sont vitesse, altitude, gestion du vent de travers et visualisation du plan d'approche à vue tout cela en même temps avec en sus la radio ...

je reviens donc guéri mais toujours fatigué, un peu comme une fleur pour le cours suivant.

Une reprise difficile, vent de travers et Eva à l'arrière

9 juillet 2005, 44 minutes de vol à bord de BOZU

Je ramène une passagère, Eva clarinettiste, toute contente de faire de l'avion. En arrivant à pieds à l'aérodrome, je sens déjà un fort vent plein travers piste. En revanche le temps est chouette, il fait beau et même chaud sous notre cloche à fromage.

Fox-Bravo-Oscar-Zoulou-Uniforme, ou le "bozu" est bien crade. Il a eu sa dose de moucherons sur les bords d'attaque d'aile et sur la verrière. Je me dis que mes assiettes de toucher se feront en comptant le troisième moucheron écrasé sur la verrière en partant de la gauche, comme on lit sur un verre gradué. Non, sans blague.... "bozu" étant le dernier appareil arrivé aux Alcyons, il est moins bien équipé que les précédents. Le compte-tours qui nous indique le nombre d'heures de vol ne vient d'être mis en service que peu de temps auparavant. Et pour cause, 97,14 heures au départ, 97,58 heures à l'arrivée. Manque de chance pour Eva, elle ne pourra pas écouter ni parler, la place arrière n'est pas équipée en interphonie, son casque ne lui servira que d'anti-bruit. Quant à moi, je dois me remettre dans le bain si j'ose dire. Je refais ma prévol consciencieusement, mais cela n'est pas le plus dur... J'en profite au passage pour enlever le cache-pitot, les caches-statiques, et pour déchainer les ailes. Tout le monde à bord !! "Aujourd'hui, me dit Olivier, on va travailler le vent de travers...." Merci j'avais compris, on a une bonne soufflante Nord-Est ! Je ferme la verrière, et recommence le rituel de la check-list avec le petit carton à la main, le pouce sur la ligne à checker. Allumage, 1000 tour/minutes. Je règle tout, je prends d'ATIS, et j'apprends avec une joie non-dissimulée que le vent est plein travers 10 noeuds.... Piste en service 12, donc le circuit dans le sens opposé que l'on a travaillé les autres fois. Quels repères prendre au premier virage après décollage ? Même chose pour le virage avant étape de base ?...  J'ai encore du mal à me souvenir de ce que je dois dire à la tour. "Euh... Tour Saint-Cyr, Fox Bravo Oscar Zoulou Uniforme, bonjour"

"Oscar Zoulou Uniform, bonjour ...." "Euh.... Fox bravo oscar Zoulou Uniforme, DR 221 au parking Alcyons, pour un vol local...."

Et Olivier d'ajouter : "T'as oublié l'information, ici c'est pas trop important mais sur d'autres terrains, ils vont te la demander...."

Et la tour de me donner l'autorisation : "Oscar Zoulou Uniform, roulez point d'arrêt 12 et rappelez prêt." "Roulons point d'arrêt 12 et rappelons prêt."

Ca c'est pas dur, je m'en souviens, pas de visuel d'hélicoptère à collationner, le collationnement reste bref et simple. Essai de frein, un peu de puissance et on roule gaiement jusqu'au point d'arrêt. On a un vent du diable qui nous pousse sur le côté. Je me place derrière un DR400 déjà au point d'arrêt à faire ses réglages, aligné face au vent. Checklist de point d'arrêt, essai réchauffage carbu, essai de perte de tour sur les magnétos, re réglages alti-horizon-gyro, je vérifie la fermeture de la verrière, et Olivier s'occupe qu'Eva soit bien attachée. Ca a l'air d'aller derrière mais ça n'est pas trop ma préoccupation première. J'ai plein de choses à penser au point d'arrêt. Et j'annonce "Oscar Zoulou Uniforme au point d'arrêt prêt" "Fox Zoulou Uniforme, alignez vous derrière l'atterrissage DR400 et maintenez derrière." Alors là, la pression montant, le collationnement devient difficile... "Euh...Oscar Zoulou Uniforme alignons 12 droite pour décollage." "Oscar Zoulou Uniforme, alignez derrière Dr400 et maintenez." Là je sens que j'ai dit une connerie.

"Mais oui, ajoute Olivier, il t'a dit de maintenir...." "Alignons 12 droite et .... et maintenons, Oscar Zoulou Uniform"

"C'est une erreur de collationnement qui a provoqué une des plus grosses catastrophes aériennes des dix dernières années, me raconte Olivier, deux 747 à l'aéroport de Tenerife, 500 morts, une erreur de radio qui a été fatale." Ce qui n'est pas pour me rassurer !!

Allez je m'aligne et je règle à nouveau le QFU à 115 et l'altimètre à 370 pieds. Prêts à décoller. Et la tour de nous dire : "Oscar Zoulou Uniform, autorisé à décoller 12 droite, le vent est Nord-Est 10 noeuds." "Autorisé à décollé, Oscar Zoulou Uniform"

Dernier conseil d'Olivier : "Droit dans l'axe, pas mal de pied à droite à cause du vent de travers et le manche contre le vent."

Je pousse à fond la manette des gaz en butée, plein gaz !! Le moteur rugit, tout s'accélère. J'essaie de mettre le plus de pied à droite le vent nous pousse vers les bâtiments gloups !!! Plus de pied, plus de pied !!! Ca y est ça va, on est crabé sur la piste, vite 50 km/h ligne de vol, il se redresse, plus en ligne de vol plus, plus. 90 km/h, 100 km/h du pied pour contrer les effets moteurs à basse vitesse, on quitte le sol, j'attends les 115 et on monte. Je ne parle pas des nombreux comentaires d'Olivier ainsi que de son aide dans les moindres mouvements pour m'accompagner lors de ce vol de reprise. Deux semaines sans rien faire ne font pas de bien... Pendant le tour de piste j'essaie de prendre mes nouveaux repères sur le circuit, premier virage au dessus du bassin du chateau, les ascendances nous pousse vers le haut, j'essaie de gérer le vent de travers qui nous fait converger vers la piste, viser le derrick, estimer le parallélisme avec l'ax des pistes de St-Cyr.... toute une gymnastique à me rappeler. Le premier tour de piste est franchement decevant, non seulement j'oublie de préparer l'avion mais j'estime mal ma vitesse, je vise mal le plan d'approche, (je ne l'ai plus dans l'oeil!) et le vent dans le cul en étape de base, j'oublie que j'ai aussi le droit de me mettre en plein ralenti en conservant mes 140 km/h puis 130 km/h finale à 120km/h, deuxième cran, etc etc etc le même cinéma, après avoir dépassé l'autoroute A12 qui délimite notre seuil de piste, cassé de trajectoire, décrabé tout de suite l'avion, lui donner l'assiette, laisser descendre, laisser l'avion garder l'axe de piste sans se laisser déporter assiette de toucher, toucher boum ! sans rebond, et continuer à compenser au pied car le vent continue son action de poussée de l'appareil vers les batiments.

J'ai retrouvé peu à peu tous mes réflexes face au vent de travers, composé de nouveaux repères en tour de piste à l'envers suivant l'axe 12... Mais voici qu'un élément nouveau vient influer sur mon travail d'entrainement. Olivier s'est déjà retourné deux trois fois pour voir si Eva, isolée dans son siège à l'arrière profite sans problêmes de son petit vol d'agrément. Malheureusement, la fatigue, et les virages à répétitions l'ont peu à peu rendue malade. On choisit en accord avec Olivier de s'arrêter là et de recommencer le lendemain une fois tous les deux pendant une vraie heure. Dernier virage et atterrissage pour un complet parking.

Pauvre Eva, mais je réalise combien une personne à l'arrière, passive, et isolée de nos dialogues au casque avec Olivier influent... Une fois au parking, et Eva s'étant remise de ses petits problêmes gastriques, nous avons la charge de laver l'avion. Et nous nous mettons à l'ouvrage pendant 30' en face du hangar, jet d'eau et bas-nylon, chiffons mouillés à la main, nous décrassons méticuleusement les jambes de train, les bords d'attaque et la verrière que je terminerai au séchage à la peau de chamois. Merci Eva, grâce à ton aide, le "bozu" est nickel, propre et beau, il brille avec le soleil couchant (waow quel poète.) Avec un membre du club on commence à rentrer les avions comme des caddies de supermarché. (sauf qu'il n'y a que trois roues sur un avion et pas de feuille de salade coincée...")

Je me couche tôt, le soir même le lendemain j'ouvre la session de cours à 8h30 !

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